L'Oiseau d'Amérique [Mocking bird]

Petite présentation de mon livre préféré.


L’OISEAU D’AMERIQUE



Auteur : Walter TEVIS (1928-1984)

Titre original : Mocking bird

Pays : Etats-Unis, 1980, Mockingbird

Editeur : Gallimard, coll. "Folio S.F.", 2005

Ecrit en 1980, L’oiseau d’Amérique est comparé au Meilleur des mondes d’Aldous Huxley et à Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. Dans la mesure où le roman de Walter Tevis évoque une société humaine éclatée où les (rares) enfants sont élevés en dortoir et non dans leurs familles et où lire et écrire sont des crimes passibles de la prison, cette comparaison peut paraître juste. Une fois lu, c’est d’autres références qui pourraient surgir à l’esprit : celle d’Asimov à cause des robots et surtout celle des écrivains de la Beat Generation, Jack Kerouac en tête.

Au XXVe siècle, l’humanité va vers son extinction. 19 millions d’individus peuplent la planète et pas un enfant n’est né depuis trente ans. Tout simplement parce que les règles imposées proscrivent la vie en famille et recommandent la consommation de stupéfiants et d’anxiolytiques contraceptifs, le sexe vite fait, bien fait. Les robots veillent à l’application de ces règles et le plus perfectionné d’entre eux, Robert Spofforth, le seul robot Classe 9 encore en fonction, supervise l’ensemble. En somme, et pour citer un personnage du roman, « il y avait Jules César, Tolstoï et Emmanuel Kant. Mais maintenant il n’y a plus que des robots. Des robots et le principe du plaisir. Et dans la tête des gens, il n’y a plus que de minables romans-photos ».

Au milieu de cette société ultra-individualiste et hédoniste, Paul Bentley redécouvre l’écrit et, alors qu’il est engagé par Spofforth pour enregistrer les cartons des films muets, fait la connaissance de Mary Lou, une femme qui a échappé au conditionnement social. Les deux humains vivent ensemble et partagent la découverte de la lecture et de l’écriture jusqu’à ce que Spofforth fasse condamner Bentley à la prison.

Roman intimiste, L’oiseau d’Amérique fait pénétrer le lecteur au fonds des personnages : Robert Spofforth, le robot qui veut mourir mais ne le peut pas, Mary Lou, une marginale et Paul Bentley, un homme qui prend conscience de l’horreur du monde dans lequel il vit. Si ce livre correspond bien à un retour de son auteur à une vie plus dynamique et constructive, à l’écriture, il est possible aussi de voir en lui une réflexion et une double condamnation des évolutions récentes de la société.

Il y a d’abord condamnation de l’individualisme hédoniste lié à la société de consommation : l’Homme, dans L’oiseau d’Amérique, n’est plus qu’en quête de son plaisir, de sa tranquillité d’esprit : surtout pas de question ! L’odyssée de Paul Bentley, après son évasion, peut donc être perçue comme un parcours d’éveil et l’achèvement d’une prise de conscience. Son errance n’est pas sans évoquer l’affranchissement des normes lancé par les Beatnicks et les Hippies dans les années 50-60. Pour autant fait-il l’éloge de cette autre conception de la société ?

En fait s’il condamne l’hédonisme issu du libéralisme, Tevis semble aussi critiquer la dérive libertaire qui est la fois le produit et la négation du libéralisme. Faut-il voir le rejet de la marijuana par les personnages seulement comme la traduction romanesque d’un auteur qui rejette sa drogue, l’alcool ou comme un symbole du rejet du contre-modèle, de la contre-culture ? Car enfin, Tevis tend à célébrer dans son roman, d’une part la vie de famille, d’autre part une certaine austérité incarnée ici par la micro-société chrétienne de Maugre, cette dernière restant envisagé avec une grande prudence et des critiques.

Assurément L’oiseau d’Amérique - dont il faut approuver avec André-François Ruaud qui signe ici une très intéressante préface - est un livre personnel, quasi-autobiographique - la mémoire joue d’ailleurs un grand rôle dans le livre -, profondément moral et moralisateur qui célèbre la condition humaine dans sa dimension créatrice : l’homme s’accomplit dans sa créativité et dans celle des autres - les classiques, notamment musicaux et cinématographiques occupent aussi une place très importante. La question est comment tuer l’oiseau moqueur ?

kiri... t'es trop influencée par gimenez... en es-tu seulement consciente ?

j'aime ce livre... c'est pas ma faute... et puis le resumé c'est ma sceance si tu veux savoir^^